Le trop plein de normes tue la norme
Les référentiels, les standards et autres préconisations normatives sont de plus en plus nombreux dans notre secteur immobilier, qu’ils proviennent d’initiatives privées, d’organismes publics ou de groupements représentatifs d’une corporation particulière.
Ces différentes entités utilisent toujours le même processus, qui semble justifier leur spécificité et utilité : elles partent d’une page blanche afin de redéfinir une nouvelle vision et une nouvelle norme, sans se préoccuper de l’existant, qui devient de facto un concurrent qu’il faut au minimum discréditer pour justifier l’existence et les coûts afférents à la production de la nouvelle norme.
Nous connaissons tous des acteurs économiques privés qui ont imposé à leurs prestataires/partenaires des référentiels et normes d’échanges spécifiques – dont ils sont propriétaires exclusifs – qui ont fait travailler, à grand frais, des sociétés de développement informatique et des cabinets de conseil trop heureux de trouver un nouveau terrain de jeu et de prestation.
A chaque fois les raisons avancées sont les mêmes : la satisfaction de besoins particuliers et une grande indépendance accompagnée d’un sentiment de supériorité car « nous ferons forcément mieux que les autres ». Ces deux objectifs sont parfois atteints, mais moyennant des coûts très importants d’adoption – de plusieurs centaines de milliers d’euros – qui perdurent chaque année. En effet, pour faire évoluer ces normes non partagées et les outils correspondants, le modèle économique demande de refacturer la totalité des coûts de mise à jour aux quelques utilisateurs.
Finalement, le ROI (retour sur investissement) de ce genre de projet est souvent désastreux : en repartant de zéro, il faut mobiliser une énergie démentielle pour tout reconstruire, alors qu’en réalité 90% de ce dont on a besoin existe déjà. Tout redévelopper, pour un gain de 5 à 10% supplémentaire par rapport à un dictionnaire ou un flux standard existant, est difficilement justifiable économiquement.
Nous sommes tous perdants dans ce jeu de dupes.
La première étape de chaque projet de mise en œuvre d’un flux d’échange d’information devrait être le recensement des dictionnaires, normes et outils existants pour ensuite définir les écarts avec nos objectif et besoins, en considérant la pérennité de ces outils et la capacité à les faire évoluer. Puis choisir le package le plus proche de nos besoins, en identifiant les manques et les solutions de contournement.
Un recensement exhaustif et documenté de l’existant est la première pierre de cette démarche. Ainsi chacun pourra piocher dans cet inventaire les normes qui le concernent, obtenir la liste des sociétés utilisatrices avec la possibilité de contacter leurs représentants et confronter la réalité avec les promesses. La suite logique étant que chacun détaille sa propre utilisation pour devenir référents et aider le « suivants ».
Votre association FIDJI en collaboration avec les principales organisation françaises et européennes construit dès à présent cet inventaire documenté avec cette volonté de faire progresser notre industrie, de ne pas refaire ce qui existe mais plutôt de capitaliser sur l’existant et sur l’ensemble de l’intelligence collective déjà consacrée à ces travaux.