Où en sommes-nous avec la data dans l’immobilier ?
Il y a eu récemment des avancées significatives de plusieurs ordres. D’abord on constate que les PropTech sont sorties du stade de laboratoire ou des nombreux POC (Proof of concept) pour passer à l’échelle. Il en résulte une industrialisation croissante du numérique immobilier. Nombreuses sont les PropTech qui ont levé des sommes conséquentes, en millions et parfois dizaines de millions. C’est donc bien devenu une réalité industrielle opérationnelle, ce n’est plus cantonné au laboratoire. D’ailleurs le programme de soutien financier de la communauté Européenne est très conséquent (voir l’intervention de Dirk Pealinck – Replay Real IT 2022 sur la chaîne Youtube de l’Institut FIDJI : https://www.youtube.com/watch?v=r2Em4MfoWl4 ).
Autre fait moins visible : il y a eu un momentum de la part des métiers de l’immobilier qui ont décidé d’exposer leurs besoins numériques pour résoudre le biais systématique auquel ils s’exposent. Je m’explique : chaque métier, concentré sur sa performance opérationnelle quotidienne, utilise des données qui ont beaucoup de valeur pour lui. Le biais c’est de croire que ces données ont la même valeur pour les autres métiers qui interviennent également tout au long du cycle de vie du bâtiment. Or dans 80% des cas ce n’est pas vrai. Ce qui revient à dire que tous les métiers regardent le même bâtiment mais avec des lunettes différentes : « et pourtant c’est le même actif immobilier !». Il est indubitablement nécessaire, pour une bonne efficacité en temps réel ainsi que pour une véritable continuité numérique, de partager les données avec les occupants et les autres métiers. Mais il faut partager une sémantique commune, c’est-à-dire avoir en commun un dictionnaire de données, semblable à celui de l’Institut FIDJI que de nombreux acteurs utilisent. Cela permet d’économiser les tâches non productives de collecte-qualification-agrégation des données ainsi que les multiples interfaces informatiques individuelles qui sont très souvent instables et coûtent cher. Une étude récente (2022) de l’ORIE portant sur « L’impact de la data dans l’immobilier d’entreprise » estime le coût annuel des tâches non productives à environ 3,5 €/m².
Mon troisième point concerne les grands propriétaires investisseurs : ils doivent accompagner la trajectoire écologique qui les obligent d’une trajectoire numérique indispensable à la réussite des objectifs bas carbone. Thierry Laroue Pont, Président du Directoie de BNPP RE le disait récemment à Real IT : « La gestion de la donnée est devenue un accélérateur de croissance économique, éthique et sociétale, tout en renforçant l’efficacité opérationnelle…/… Elle nous accompagne dans notre trajectoire écologique. » On le voit avec de nombreuses PropTechs et toute une série de nouvelles offres numériques. Il y a de nouvelles visions qui sortent de la boîte et rendent l’opérationnalité du cycle de vie complet des bâtiments plus en accord avec la trajectoire écologique.
Ces trois points montrent que les choses bougent, même s’il y a encore parfois une réalité opérationnelle de l’informatique qui reste brouillon, un petit côté « bazar digital». L’adoption massive d’une sémantique commune par l’écosystème immobilier, semblable à celle que développe depuis 15 ans l’Institut FIDJI avec ses trois dictionnaires, concoure à la mise en œuvre d’une véritable convergence numérique entre tous les métiers de notre filière, les occupants mais aussi les éditeurs de logiciels, les plateformes, les Fintechs, les PropTechs et les ConTechs.